Bien qu’il faille reconnaître que la situation pandémique n’encourage en rien les attroupements et les rassemblements et qu’elle va à l’encontre de toute activité artistique ou autre, les artistes restent encore une fois face à une obscure situation qui préserverait probablement leur santé mais pas du tout leur gagne-pain et surtout leur droit d’exister et de pratiquer leur métier.
Lundi, en fin de journée et suite à une réunion tenue par le ministre de la Culture Habib Ammar au ministère des Affaires culturelles, un communiqué vient annoncer le report des éditions des festivals internationaux de Carthage et de Hammamet.
Cette décision vient tardivement après avoir tenu en haleine tout un staff d’organisation, un public et un bon nombre d’artistes qui ont vu leurs projets et spectacles programmés dans les deux plus grands festivals tunisiens d’abord dans leur version présentielle, puis dans une version numérique assez controversée.
Et bien qu’il faille reconnaître que la situation pandémique n’encourage en rien les attroupements et les rassemblements et qu’elle va à l’encontre de toute activité artistique ou autre, les artistes restent encore une fois face à une obscure situation qui préserverait probablement leur santé mais pas du tout leur gagne-pain et surtout leur droit d’exister et de pratiquer leur métier.
Alors que le monde entier commence à retrouver ses marques et à apprivoiser la pandémie de moult manières, nous citons les festivals organisés en présentiel comme celui de Cannes, d’Avignon, de Venise et même dans le monde arabe en Egypte, en Jordanie…, sous nos cieux nous sommes à court de propositions. L’alternative qu’offre le numérique que le ministère a aussi abandonné n’est pas forcément la bonne formule, mais que faire dans cette situation d’impasse ?
Si le ministère de tutelle ne prend pas les devants et ne se penche pas sérieusement pour trouver des solutions à court, moyen et même à long terme, toute vie culturelle sera d’ici peu réduite à néant. Car au lieu de rester les bras croisés à attendre les décisions du gouvernement ou de la présidence d’arrêt ou de reprise d’activité pour les appliquer à la lettre, il est redevable, en tant que responsable de tout un secteur, qui a besoin de vivre et de s’exprimer, de réfléchir à des alternatives viables, faisables et durables.
Car même si, d’apparence, la culture, qui a été même dans des déclarations d’hommes politiques, considérée comme du simple divertissement, est aujourd’hui, dans l’esprit du commun des mortels, un luxe dont nous pouvons nous passer, il est du devoir de l’autorité de tutelle de remettre les choses en ordre.
Puis, pour revenir au report des festivals de Carthage et Hammamet, et même s’il a été également décidé d’élaborer une programmation culturelle et artistique en dehors de ces deux festivals qui sera concoctée pour le début de la nouvelle saison culturelle, elle restera encore une fois tributaire de l’évolution de la situation sanitaire. Chose qui nous laisse encore perplexes et inquiets quant aux autres manifestations culturelles à venir tels que les JCC, les JTC, les JMC, la foire du livre et surtout la reprise de la vie culturelle dans nos salles et théâtres.
Des mesures sociales d’accompagnement au profit des artistes, des créateurs et des opérateurs dans le secteur culturel sont, bien entendu, nécessaires et urgentes, pour atténuer l’impact de la pandémie sur le secteur, mais cela n’est que provisoire.
L’annonce de l’organisation d’une rencontre en ligne dans les prochains jours avec des artistes, créateurs et parties actives dans le secteur culturel est la seule et unique mesure qui pourrait aboutir à des solutions radicales, non pas pour examiner les mesures supplémentaires en vue d’aider le secteur à faire face à la crise causée par la pandémie, mais pour restituer à la culture et à ses acteurs le rôle qui leur est dû, et la vie dont ils ont été privés.
Pour finir, nous ne le répéterons jamais assez, et en dehors de l’aspect social et alimentaire à prendre en considération, il ne faudrait nullement omettre le rôle considérable de la culture dans le développement des sociétés, cet élément vital à sa dynamique. Car la culture /production artistique est l’expression d’un peuple, elle raconte ses histoires, célèbre ses fêtes, rappelle le passé, et dessine l’avenir. C’est cette expression créative qui nous aide à nous définir et à voir le monde au travers des yeux des autres. La culture c’est tous ceux qui la réfléchissent, les professionnels, les artistes, le public, les jeunes et les vieux, ceux qui la font, ceux qui en vivent et ceux qui la consomment, ceux qui l’inspirent et s’en inspirent.